Adapter les extérieurs de sa maison : rendre jardins, allées et terrasses accessibles aux seniors

Pourquoi repenser l’accessibilité des extérieurs ?

• Diminuer le risque de chute : Près d’un tiers des chutes mortelles chez les plus de 65 ans surviennent à l’extérieur de l’habitat (Ministère de la Santé, 2015).
• Favoriser l’autonomie au quotidien : Un extérieur adapté permet de sortir prendre l’air, jardiner, ou accueillir famille et amis, maintenant ainsi une vie sociale active.
• Soutenir l’activité physique : Accès sécurisé = déplacements facilités, et donc mouvement au fil des jours.

Adapter les extérieurs, c’est donc s’offrir un quotidien plus libre et serein, mais aussi prévenir la dépendance et ses conséquences.

Analyser les points à risque autour de la maison

• Escaliers, marches isolées et seuils surélevés
• Allées en mauvais état, pavés disjoints, surfaces glissantes
• Absence de main courante ou de point d’appui
• Terrasses, perrons et chemins sans éclairage
• Différences de niveaux non signalées ou non aménagées
• Portes de jardin ou portails difficiles à manipuler

Avant d’agir, commencez par observer, idéalement lors de diverses conditions météo. Demandez-vous : "Pourrai-je sortir sans aide ?" "Ces marches m’inquiètent-elles ?" ou "L’allée devient-elle glissante à la pluie ?" Cette première analyse permet de cibler précisément les adaptations à réaliser.

Aménager des accès sans obstacles : rampes, seuils et plans inclinés

Installer une rampe d’accès adaptée

• Rampe en aluminium ou composite : Légère, résistante, souvent antidérapante, elle se prête aussi bien à l’accès principal qu’à un jardin. Préférez une pente douce : selon l’ANAH, la pente idéale se situe à 5% (soit 5 cm de dénivelé par mètre de rampe).
• Rampe amovible : Solution idéale pour franchir occasionnellement quelques marches ou jonctions, notamment pour les utilisateurs de fauteuil roulant ou déambulateur.
• Rampe maçonnée : Pour une solution pérenne, l’intégration d’une rampe en dur garantit stabilité et sécurité sur le long terme. Pensez à prévoir une surface suffisamment large (minimum 90 cm) pour faciliter le passage.

Selon le rapport HAS, 2011, adapter les accès réduit le recours à l’aide humaine dans 45% des cas.

Réduire ou supprimer les seuils

• Mini-rampes de seuil pour portes ou baies vitrées : un équipement simple pour franchir une hauteur de 2 à 5 cm, idéal pour les circulations en fauteuil ou avec canne.
• Seuils encastrés : lors de travaux plus ambitieux, préférez l’intégration de seuils "zéro ressaut" pour une sécurité maximale.

Cas particuliers : escaliers extérieurs sécurisés

• Main courante double : indispensable dès 3 marches, positionnée à 90 cm de haut afin de s’adapter à la préhension naturelle des seniors.
• Nez de marches antidérapants : rubans adhésifs ou matériaux intégrés, ils offrent un repère visuel et limitent les risques de glissade par temps humide.
• Contraste de couleur sur les contre-marches : un simple marquage blanc ou jaune aide beaucoup à la perception de la profondeur (ANAH, Guide Habitat Adapté).

Sécuriser et améliorer le confort des allées et jardins

Le choix du revêtement : stabilité et antidérapance

• Privilégiez les surfaces lisses mais non glissantes : Béton lavé, enrobé drainant, dalles avec relief, ou pavés autobloquants jointoyés.
• Évitez : graviers roulants, planches ou lattes espacées, surfaces polies ou mousses.

Un sol adapté évite près de 30% des chutes extérieures chez les seniors (source : CDC, 2014).

Rendre les passages confortables

• Largeur : Prévoir au moins 90 cm pour circuler avec une canne, 120 cm recommandé pour permettre deux passages (personne + accompagnant ou déambulateur).
• Plat & sans ressaut : Évitez racines apparentes, trous, pierres dépassant qui pourraient accrocher un pied ou une canne.
• Marquage ou balisage visuel : N’hésitez pas à délimiter les bords des allées par un contraste de couleur, potelets ou bordures basses, pour offrir un repère à la marche.

Penser à l’éclairage : sécurité et repérage de nuit

Une zone extérieure, même bien adaptée, reste dangereuse si elle n’est pas correctement éclairée. Selon l’Association Française de l’Éclairage, 25% des chutes extérieures se produisent à cause d’une mauvaise visibilité.

• Bornes basse consommation ou LED solaires : installation simple, sans fil, pour marquer les allées, entrées et marches.
• Détecteurs de mouvement : Automatiser l’éclairage dès qu’un passage est détecté limite les oublis et renforce la sécurité.
• Balises visuelles ou rubans lumineux sur les bords d’escaliers, seuils et chemins sombres.

Privilégiez un éclairage blanc chaud, homogène et sans zones d’ombre. Le but : que la nuit tombe… sans que la mobilité en souffre !

Améliorer la sécurité sur la terrasse et aux abords immédiats

• Garde-corps et balustrades renforcées : pour éviter les chutes sur une terrasse surélevée, veillez à la bonne hauteur (minimum 1 m) et la solidité des barrières.
• Surface antidérapante sur toute la terrasse, surtout si elle est exposée à l’humidité ou à la mousse.
• Pas de mobiliers bas ou instables sur les circuits de passage (ex. : jardinières, sièges fragiles, petits ornements).
• Nettoyage et entretien réguliers pour éviter la mousse, les feuilles mortes et les taches glissantes.

Astuces pratiques pour les activités extérieures

• Jardinage surélevé : Optez pour des tables ou bacs de jardin à bonne hauteur (70-90 cm) qui évitent de se baisser ou de se pencher longtemps. L’autonomie dans le potager est ainsi préservée.
• Points d’appui stratégiques : Installer des barres d’appui proches des zones d’activité (coin repas, massif de fleurs, potager) pour sécuriser chaque déplacement.
• Bancs ou chaises ergonomiques à intervalle régulier le long des allées ou vers les zones calmes : ils offrent la possibilité de se reposer fréquemment.

Faciliter le passage des portails, clôtures et portes de jardin

• Poignées à levier, plus faciles à manipuler que les poignées rondes ou les verrous : un geste simple, peu d’effort, même en cas de rhumatismes.
• Systèmes d’ouverture automatisés qui évitent d’avoir à forcer (portails motorisés, gâches électriques).
• Portes à grand dégagement (80-90 cm) pour un accès fluide aux fauteuils ou poussettes.

Le rôle central de la signalisation : repères et orientation

• Plaques directionnelles ou numéros bien visibles pour les entrées et accès secondaires.
• Bandes contrastées près des ruptures de niveau : même un simple autocollant réfléchissant fait la différence au crépuscule.
• Sonnette visible ou interphone avec caméra pour plus de tranquillité à l’accueil des visiteurs.

Quels professionnels pour quels travaux ?

• Ergothérapeutes : Ils évaluent les besoins, recommandent des adaptations sur-mesure et peuvent accompagner la recherche de financements (ex. : MaPrimeAdapt', aides de l’ANAH, caisses de retraite).
• Paysagistes spécialisés PMR : Pour un projet global d’aménagement paysager et de revêtements aux normes accessibilité.
• Artisans labellisés Handibat ou Silverbat : Pour garantir la conformité aux dernières recommandations d’accessibilité (Handibat).

Certains diagnostics d’accessibilité peuvent être subventionnés et ouvrir droit à des aides pour financer les travaux ou l’achat d’équipements (ANAH – MaPrimeAdapt').

Vers un extérieur synonyme de liberté et de plaisir

Aménager les abords de la maison permet d’offrir un espace sûr et accueillant, où chacun retrouve le plaisir de sortir, de bouger, de jardiner ou d’échanger avec ses proches. Les solutions sont multiples, adaptées à tous les budgets et à toutes les configurations : une rampe bien placée, une allée refaite ou quelques balises lumineuses suffisent parfois à tout changer. Prendre le temps d’observer ses besoins, de prioriser ce qui compte et de s’entourer des bons professionnels, c’est déjà faire le choix de l’autonomie, jour après jour.

L’envie ? Oser transformer ses extérieurs pour ne jamais renoncer aux petits bonheurs du dehors. Vous l’aurez compris : l’accessibilité ne s’arrête pas à la porte d’entrée !